Dans les eaux du lac interdit Hamid Ismaïlov Editions Denoël 126 pages Un grand merci aux Editions Denoël pour cette découverte.
4e de couverture Un voyageur anonyme a pris place à bord d’un train pour un interminable voyage à travers les steppes kazakhes. Le train s’arrête dans une toute petite gare et un garçon monte à bord pour vendre des boulettes de lait caillé. Il joue Brahms au violon de manière prodigieuse, sortant les passagers de leur torpeur. Le voyageur découvre que celui qu’il avait pris pour un enfant est en fait un homme de vingt-sept ans. L’histoire de Yerzhan peut alors commencer… À travers ce conte envoûtant, l’auteur nous livre une parabole glaçante sur la folie destructrice des hommes et la résistance acharnée d’un jeune garçon qui voulait croire en ses rêves. Mon avis "Dans les eaux du lac interdit" est un magnifique conte, très court mais très puissant. C'est avant tout une rencontre impromptue dans un train, lors d'un très long voyage. Une complicité qui née sous nos yeux et des langues qui se délient, surtout cette de Yerkzhan qui nous parle de sa vie, de ses désillusions, de son amour,... L'auteur nous fait voyager avec son roman. L'immersion dans les plaines kazakhes est totale, désert végétal ras. Quelques descriptions précises permettent au lecteur de visualiser l'espace dans lequel se situe l'action. A travers l'histoire de ce jeune emplit d'illusions, l'auteur dénonce subtilement la folie destructrice de l'Homme qui détruit, pollue, rase, construit,.... J'ai beaucoup aimé la façon qu'a l'auteur d'aborder ces thèmes. J'ai beaucoup aimé ce court roman qui m'a fait voyager et réfléchir sur l'impact de nos choix sur l'environnement.
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Morts à perpétuité Thibaut Chatel Editions Label A 206 pages 4e de couverture
Boca Grande, une île interdite à la navigation au sud de la Floride. Prenant des vacances sur un cabin-cruiser, Markus Kendall, un grand-reporter de 36 ans, est rembarré par des gardes armés. Ils lui ordonnent de quitter la zone immédiatement. Markus Kendall s'exécute, mais l'instinct professionnel reprenant le dessus, il revient de nuit sur l'île pour découvrir l'impensable : un camp retranché dirigé par Herb Craine, un gouverneur aussi violent qu'alcoolique... Ce dernier règne d'une main de fer sur des prisonniers ressemblant étrangement aux stars disparues depuis longtemps : Marilyn Monroe, James Dean, John Lennon, Jim Morrison, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Kurt Cobain, Aaliyah, Tupac Shakur, The Notorious BIG (...), sans oublier un "Résident VIP" qui va se faire interner volontairement ! Sur cette île cauchemardesque, Markus Kendall et Herb Craine ont deux points communs : la haine qu'ils éprouvent l'un pour l'autre et l'attention qu'ils portent à Vanessa, une jeune actrice française. Et si Markus Kendall avait découvert des "morts célèbres" bien vivants ? Et si Markus Kendall venait de percer le secret le mieux gardé du FBI ? Et si Markus Kendall faisait le reportage photo le plus incroyable de tous les temps ? Et si Markus Kendall trouvait sur cette île enfin un sens à sa vie ? Autant d'intrigues qui font de ce récit, un moment de suspense haletant... Mon avis Pauvre Markus que nous suivons au début de se roman où il se fait renvoyer de son travail sans plus de ménagement. Quoi de mieux pour se remettre que de partir une semaine en mer, seul, au large de Miami. Seulement son aventure va prendre un tournant particulier lorsqu'il découvre une île habités par une drôle de population: des stars censées avoir disparu ! Thibaut Chatel nous offre avec "Morts à perpétuité" un roman dont la construction m'a immédiatement séduite: alternance de points vue entre Markus et Herb Crain, le Gouveneur de cette île de célébrités. Ce procédé donne un aspect vraiment intéressant au roman, le lecteur a ainsi deux points de vue différents face aux différentes situations. Assez rapidement la curiosité du lecteur est mise à rude épreuve: pourquoi tous ces VIP se retrouvent ici alors qu'on les croyait morts ? L'avancée du roman nous délivre par fragments des explications quant à cette interrogation. De plus, l'auteur a pris le temps de faire des zooms sur chaque résident pour qu'on l'on sache la raison de sa présence sur Boca Grande. Du coup on a pu découvrir ce que sont devenues des stars comme Maryline Monroe ou encore Tupac. On sent que l'auteur s'est beaucoup amusé à les imaginer vieillissant depuis leur disparition. Un bel hommage qui leur est rendu à travers ce roman. Et cet aspect à plusieurs reprises un peu de comique à l'histoire. On annonce ce roman comme un thriller... Je ne suis pas vraiment d'accord avec le choix de ce genre. Il y a certes un petit suspense tout au long de l'histoire mais il n'a rien de prenant ni d'haletant. Même si la fin a su me surprendre, je ne le classerais pas dans les thrillers. J'ai passé un bon moment de lecture avec ce roman. L'idée est vraiment très originale et parfaitement bien exploitée. J'ai réussi à me faire surprendre par la fin choisie par l'auteur. Un bon roman détente qui sera vous tenir curieux jusqu'à la dernière page. Low Down: Jazz, Came et Autres Contes de la Princesse du Be-Bop Amy-Jo Albany Le Nouvel Attila 176 pages 4e de couvertue
Splendeur et misère de la vie d'un pionner du be-bop, le pianiste blanc Joe Albany, compagnon de Charlie Parker, prisonnier des échecs, des drogues et d'amitiés croisées avec la Beat Generation, qui mourut en 1988, "le corps ravagé par un demi-siècle de dépendances et de tristesse". Un texte sec et lyrique, qui passe de l'humour au sordide, de la naïveté à la crudité, et qui a la force d'un roman noir. Mon avis L’auteur nous accueille dans ce court roman autobiographique à Los Angeles dans les années 60. Ce qui frappe dès le début, c’est la construction de ce livre : de très courts chapitres à thème, chacun correspond à une anecdote sur la vie de l’auteure, Amy-Joe ALBANY et de son père, le célèbre pianiste précurseur du be-bop : Joe ALBANY. Toutes ces anecdotes, ces chapitres de vie n’ont pas de lien direct entre eux ; seulement de constituer les souvenirs de jeunesse d’une femme qui souhaite nous parler de son père, dans la plus stricte intimité. A la lecture de « Low Down », j’ai eu l’impression d’être en pleine discussion avec l’auteure, autour d’un café, à la terrasse d’un petit bar. Une bulle se crée entre nous dans laquelle elle m’a confiée en toute confiance et avec une franchise déconcertante sa vie. Et surtout la place qu’a tenue son père dans sa construction personnelle. Et Dieu seul sait qu’elle en a des choses à dire sur cet homme qu’elle a toujours admiré avec des yeux pétillants, même dans les pires situations. Car, le contraste saisissant de « Low Down » est l’écart palpable entre toute l’affection que l’auteur porte pour son père et les conditions dans lesquelles il l’a élevé. Un univers où la drogue régnait en reine, dictant faits et choix de Joe Albany. Du coup, j’ai été pris d’une grande émotion lors de la découverte des anecdotes d’une petite fille qui a du grandir trop vite, qui a vu des scènes inimaginables et qui, malgré tout, garde en elle une immense joie et des souvenirs heureux. Une des plus belle déclaration d’amour qu’une fille peut faire à son père ! Un roman époustouflant de franchise. Se lever à nouveau de bonne heure Joshua Ferris JC Lattès Editions 420 pages 4e de couverture
Paul O'Rourke est un dentiste hors-pair, un New-Yorkais qui entretient avec sa ville des rapports ambigus, un athée convaincu, un supporter des Rex Sox, et grand amateur de mokaccino. Et pourtant il est hors du monde moderne. Son métier, certes, occupe ses journées, mais ses nuits ne sont qu'une succession de regrets: il ressace les erreurs qu'il a commises avec Connie, son ex-petite amie (qui est également l'une de ses employées) et, tour à tour, vitupère ou s'émerveille devant l'optimisme du reste de l'humanité. Ainsi va sa vie, jusqu'à ce que quelqu'un se fasse passer pour lui sur le web. Impuissant, Paul O'Rourke voit, avec horreur, paraître en son nom un site internet, un page Facebook et un compte twitter, qui semblent vouloir faire de l'apologie d'une religion ancienne tombée dans l'oubli. Mais cette imposture on line, bientôt, ne se contente plus d'^tre une simple et odieuse atteinte à sa vie privée. C'est son âme même qui se retrouve en danger, car son double numérique est peut-être bien meilleur que sa version de chair et de sang. Mon avis Le monde 2.0 est le cheval de bataille de Joshua Ferris dans son nouveau roman. Rapprocher ou éloigner les être humains ? Quel est vraiment l'effet de cette ultra connectivité qui nous dirige au quotidien ? Tablettes, smartphones, montres connectées œuvrent-ils vraiment à nous intégrer dans la société, à nous sociabiliser ? Pour Paul O'Rourke, il est hors de question d'entendre parler des réseaux sociaux. Etaler sa vie sur internet: quel est l'intérêt ? Pour ce dentiste huppé new-yorkais rien ne compte à part les Rex Sox, sa solitude et son métier. Toute sociabilisation en dehors de ses patients et ses employées est superficielle, donc, inutile. Mais quelle déconvenue quand il découvre sur le web que quelqu'un usurpe son identité. Pour lui soustraire des fonds? Pas du tout, ce mystérieux inconnu crée un site pour le cabinet de Paul, s'occupe de sa popularité sur les réseaux sociaux... bref vit à sa place. Le pire pour Paul, c'est qu'il n'a aucun moyen d'action contre cette usurpation. Il n'est qu'un simple spectateur.... Et si finalement ce double virtuel était meilleur que lui ? J'ai été conquis par le thème avant de débuter ma lecture. Malheureusement je n'ai pas adhéré à la mise en application de cette idée. Malgré un humour assez fin de la part de l'auteur qui m'a fait sourire à plusieurs reprises; les longues incartades consacrées à des sujets tels que la religion ou le brossage de dents n'ont pas su me captiver. Au contraire, ma lecture a vraiment été saccadée par ces tergiversions. Je n'ai pas compris leur intérêt pour le roman. Je pense que mes habitudes de lecture sont la cause de mon déroutement face à ce roman. Je n'étais pas prêt à sortir hors de mes sentiers battus, le choc a fait place à l'incompréhension. Le mieux c'est de juger par vous même !! Le testament de Marie Colm Toibin Robert Laffont - Pavillons 121 pages Merci à Laetitia de Au pouvoir des mots, qui a organisé le concours lors duquel j'ai remporté ce roman. Merci également aux Editions Robert Laffont pour ce lot.
4e de couverture Ils sont deux à la surveiller, à l'interroger pour lui faire dire ce qu'elle n'a pas vu. Ils dressent de son fils un portrait dans lequel elle ne le reconnaît pas et veulent bâtir autour de sa crucifixion une légende qu'elle refuse. Seule, à l'écart du monde, dans un lieu protégé, elle tente de s'opposer au mythe que les anciens compagnons de son fils sont en train de forger. Lentement, elle extirpe de sa mémoire le souvenir de cet enfant qu'elle a vu changer. En cette époque agitée, prompte aux enthousiasmes comme aux sévères rejets, son fils s'est entouré d'une cour de jeunes fauteurs de trouble infligeant leur morgue et leurs mauvaises manières partout ou ils passent. Peu à peu, ils manipulent le plus charismatique d'entre eux, érigent autour de lui la fable d'un être exceptionnel, capable de rappeler Lazare du monde des morts et de changer l'eau en vin. Et quand, politiquement, le moment est venu d'imposer leur pouvoir, ils abattent leur dernière carte : ils envoient leur jeune chef à la crucifixion et le proclament fils de Dieu. Puis ils traquent ceux qui pourraient s'opposer à leur version de la vérité. Notamment Marie, sa mère. Mais elle, elle a fui devant cette image détestable de son fils, elle n'a pas assisté à son supplice, ne l'a pas recueilli à sa descente de croix. À aucun moment elle n'a souscrit à cette vérité qui n'en est pas une. Mon avis Cette femme dont on ne connaîtra jamais le prénom est surveillé par deux hommes. Ils la forcent à se souvenir du pire jour de sa vie durant lequel elle vu la foule s'acharner contre son fils. Un jour qu'aucun parent ne devrait avoir à vivre, assister à la torture et à la mise à mort de son enfant. Elle, elle ne pourra jamais effacer ces heures de sa mémoire. Mais de là à tout leur raconter. A nous, lecteur, elle nous raconte sa souffrance, son désespoir, son incompréhension face à ces événements qui l'ont complètement dépassés. Elle se livre à nous comme pour s'exorciser de ce démon qui la hante. Qui ne cessera de la ronger de l'intérieur jusqu'à la fin. "Le Testament de Marie" est un roman court, condensé et puissant. C'est une histoire qui ne laisse pas insensible, poignante, qui hante longtemps le lecteur. Un roman intimiste, une confession d'événements dramatiques. La souffrance d'une mère qui assiste au pire: la mise à mort de son enfant dans la pire des tortures. L'auteur a su utiliser les mots justes pour toucher au plus profond la sensibilité de son lectorat. On parvient à ressentir les mêmes émotions, le même désespoir que cette femme. L'horreur est personnifié entre ces lignes qui impactent à leur lecture. "Le Testament de Marie" a été une vraie claque littéraire pour moi. Une histoire émouvante et poignante que je vais garder à l'esprit quelques temps, un uppercut de cette rentrée littéraire 2015. 121 pages d'émotions, de haine, de rage et d'angoisse. Jamais roman n'a été aussi puissant et réaliste d'émotions. A lire sans faute ! |
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Mai 2019
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