Un immense merci à Fleuve Editions pour cette magnifique découverte.
4e de couverture Jamais Antoine n'aurait pensé que son grand-père puisse agir ainsi : il y a quelques heures à peine, l'adolescent sortait du lycée, s'apprêtant royalement à rater son bac. Kidnappé par papi à bord d'un vieux coupé Volvo, il roule à présent vers l'inconnu, privé de son iPhone. À 82 ans, François Valent, journaliste brillant, aura parcouru le monde et couvert tous les conflits du globe sans jamais flancher. S'il a conclu un marché avec son petit-fils, c'est pour tenter de le convaincre de ne pas lâcher ses études. Mais ce voyage improvisé ne se fera pas sans heurts. La destination vers laquelle le vieil homme conduit Antoine – la ville de Villefranche-de-Rouergue, où il a grandi – a ce parfum particulier du remords. C'est là que l'enfance de François a trébuché. Lors d'un drame sanglant de la Seconde Guerre mondiale dont l'Histoire a gardé le secret. À la fois quête du souvenir et voyage initiatique, cette échappée belle les révèlera l'un à l'autre. La vraie vie n'est jamais là où on l'attend. Mon avis Un grand-père, ancien journaliste international, et un petit-fils , adolescent perdu, que tout oppose. Des liens qui se résument à deux visites par an, une complicité inexistante. Et pourtant, sous décision du grand-père, François et Antoine se retrouvent ensemble le temps d’un week-end pour une destination inconnue du jeune homme. Ce dernier perd le fil de sa vie, François se donne deux jours pour le faire reprendre pied. Mais n’est-ce pas un prétexte cachant une toute autre motivation de la part de l’aïeule ? Sophie Loubière nous propose dans son nouveau roman un univers confiné emplie de secrets. On plonge au cœur d’une famille de manière très intimiste, on s’invite dans leur passé et on tente de découvrir tous les non-dits, propre à toute famille. François, le grand-père, nous est défini comme l’élément central du roman. On découvre un vieil homme attachant, dont le décès des proches le met face à sa propre mort, imminente. Une mélancolie s’empare de lui, tous ses souvenirs de reporter de guerre, ses reportages dans les pires conflits que l’humanité est connue, ressurgissent comme des fantômes oubliés. Ses souvenirs, il nous les fait partager tel un vieil ami ou un fils. Un lien personnel se crée dès le début entre lui et le lecteur, confidences aidant. Puis il apprend les déboires de son petit-fils qu’il ne connait qu’à peine. Le lien du sang les unis mais se sont deux étrangers. Sans crier garde, François part chercher Antoine et l’emmène pour le week-end de la dernière chance, ces deux jours au cours desquels tout peut se passer, aussi bien pour Antoine que pour son grand-père. A l’instar du Petit-Prince et du Renard de Saint-Exupéry, nos deux personnages vont, à leur vitesse, s’apprivoiser, se découvrir. Tout ce processus se déroule sous nos yeux et ne laisse pas indifférent le lecteur. L’auteure nous livre réellement un roman où les émotions se trouvent à chaque chapitre. Une histoire magnifique. En toile de fond, la guerre de 39-45. Des chapitres s’interposent régulièrement à ceux du présent pour nous emmener au début des années 40. On découvre l’enfance de François, de sa future femme et de son meilleur ami, sous l’occupation nazie. Un événement terrible, que l’Histoire a su cacher, nous est révélé par fragments. Un fil conducteur, certes en second plan, mais qui donne un tout autre aspect à ce roman. La curiosité est touchée au vif. « A la mesure de nos silences » est un roman qui appuie sur des points sensibles, le lecteur ne peut pas rester de marbre lors de cette lecture. La plume maîtrisée de l’auteure rend une histoire émouvante et intrigante. Les personnages sont tous parfaitement travaillés et complexes afin de nous réserver des surprises jusqu’à la fin, notamment au sujet de François pour qui cette excursion relève d’une double nécessité. Je ne peux que conseiller cette lecture.
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Mai 2019
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