Les Fauves Ingrid Desjours La Bête Noire - Robert Laffont 448 pages Un grand merci à Robert Laffont et son équipe pour cette découverte frissonnante.
4e de couverture Votre pire prédateur : Celui qui vous aura apprivoisé. « Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! » À la tête d'une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l'État islamique, l'ambitieuse Haiko est devenue la cible d'une terrible fatwa. Lorsqu'elle engage Lars comme garde du corps, le militaire tout juste revenu d'Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l'entière vérité sur ses activités ? Serait-ce la mission de trop pour cet ancien otage des talibans ? Dans cet univers ou règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde. Mon avis Pour le lancement de sa nouvelle collection "La Bête Noire", dirigée par Glenn Tavennec, Robert Laffont a donné carte blanche à Ingrid Desjours. Bien connue de cette maison d'édition, notamment un passage remarqué dans le coin jeunesse/adolescence (Collection R) avec la trilogie "Kaleb" sous le pseudonyme de Myra Eljundir, l'auteure a redoublé de travail et d’ingéniosité pour le lancement de "la Bête Noire" au côté de Sandrone Dazieri "Tu tueras le père", second titre du lancement de la collection. Ingrid Desjours n'avait plus à faire ses preuves dans le domaine du thriller psychologique: ses précédents romans "Tout pour plaire" mais surtout "Sa vie dans les yeux d'une poupée" sont références en la matière. On comprend rapidement qu'avec sa carte blanche pour "la Bête Noire", l'auteure voit une occasion de se réinventer une nouvelle fois et de nous surprendre là où on ne l'aurait pas forcément attendu. C'est donc avec "Les fauves" qu'elle nous propose un roman d'investigation qui s'apparente à un reportage romanisé. Haïko et sa meilleure amie s'insurgent contre ses jeunes qui se font radicaliser sur les réseaux sociaux. Avec leur association, elles interceptent ces jeunes au moment où ils s'apprêtent à quitter la France pour aller combattre aux côtés de Daesh. Quand Nadia se fait assassiner en pleine rue, Haïko, se sentant menacée, se retrouve affabulée d'un garde du corps personnel, Lars. Entre ces deux caractères explosifs, la suite du roman promet de faire des étincelles. L'auteure nous plonge dès les premiers chapitres dans une ambiance pesante, alourdie par une menace invisible mais bien réelle. Effet amplifié par une réalité des événements: le lecteur a encore en tête les attentats récents de Charlie Hebdo. Cette histoire peut arriver, et c'est cet élément qui rend le roman terrifiant. A travers le travail de cette association, on découvre un sujet inquiétant : la radicalisation des jeunes via internet. Un travail de recherche digne d'un reporter de la part de l'auteure nous permet de comprendre plus clairement les méthodes utilisées par ces recruteurs pour, à travers différentes étapes, amener ces jeunes à choisir de tout quitter pour une nouvelle vie. C'est effrayant de simplicité pour un résultat catastrophique. Mais l'auteure a voulu aller plus loin, avec des pratiques que notre société occidentale passe souvent sous silence: l’enrôlement des chrétiens pour combattre aux côtés de leurs troupes dans les pays où ils sont persécutés. Afin d'appuyer ses propos, les chapitres sont entrecoupés d'articles de presse ou d'extraits d'analyses sur ces phénomènes. J'ai particulièrement été touché par la publication des plusieurs tweets qui prônaient la violence le jour des attentats Charlie Hebdo. En miroir, "Les fauves" aborde également un sujet inédit qu'est le retour à la vie normale d'anciens soldats. A travers le personnage de Lars on découvre à quel point il est impossible de reprendre une vie quotidienne saine après avoir participé aux combats. Les talents d'auteure psychologique d'Ingrid Desjours ont permis à Lars de se dévoiler petit à petit sous nos yeux, de manière très intime. Le coeur serré, j'ai découvert son histoire et toutes les bêtes noires qui le hantent. Les bêtes noires sont partout dans ce roman: infiltrées dans notre société, sur internet, cachées au plus profond de nous. Elles font parties de notre quotidien, elles se camouflent pour paraître anodines jusqu'au jour où.... Derrière une histoire d'amour une banale conversation, un souvenir, .... "Les fauves" est un roman qui fait peur, qui met mal à l'aise, qui dérange car il met la lumière sur ce que l'on ne souhaite pas voir étaler au grand jour. On en veut à l'auteure de nous balancer cette réalité crue et honteuse. Une vérité qui dérange, qui effraie. Un roman puissant, déstabilisant et cruel.
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La vérité sort de la bouche des adultes Brice Christen 209 pages Avant tout, Brice, je te remercie de ta confiance et de ton humour.
4e de couverture Après un violent accident de trottinette, Oscar est plongé dans un profond coma durant dix longues années. A son réveil en 2025, il ne reconnaît plus cette France dans laquelle il a grandi: Julien Lepers est Président de la République, facebook n'existe plus et la peine de mort a été rétablie pour sanctionner les selfies et la coupe mulet. Alors que sa seule hâte est de retrouver ses proches, sa femme a refait sa vie, son fils ignore son existence et sa mère le pensait mort. Dès lors, comment trouver une place et l'amour de son fils dans cette société instable ou l'iPhone 12 est roi ? Mon avis Brice Christen a un regard bien particulier sur notre société. Politique, consommation, TV (réalité), .... il pose son oeil critique sur tous ces sujets; rien ne semble lui échapper. A la manière de ses humoristes qui nous font rire grâce à des scènes du quotidien, Brice lui en fait un roman. Dans ce roman, on suit Oscar, qui après 10 ans de coma, retourne à son quotidien, .... enfin ce qu'il en reste ! Car en 10 ans bon nombre de changements sont à noter dans notre société. Un gouvernement dirigé par Julien Lepers, selfies interdits, ..... bref n'importe quoi aux yeux d'Osacr qui va de déconvenues en (mauvaises) surprises. A travers les yeux incrédules d'Oscar, Brice Christen nous expose ses critiques sur le monde qui nous entoure, avec beaucoup (beaucoup) de sarcasme et d'ironie. Ce roman se révèle rapidement très humoristique mais force à la réflexion. Finalement le rire se fait jaune face à une réalité par toujours agréable.... c'est triste mais qu'est ce qu'on l'aime notre iPhone !!! Samuel Beckett: maître du théâtre de l'absurde. Pourquoi pas Brice Christen: maître du roman de l'absurde ? En tout cas son second roman laisse à imaginer un avenir intéressant pour ce jeune auteur à la plume acerbe et affûtée. "La vérité sort de la bouche des adultes" m'aura fait passer un excellent moment de lecture, de détente, de rigolade et de réflexion. Je partage beaucoup de points communs avec la vision de l'auteur (mais pas tous, dit l'accro à son smartphone). Je vous le conseille vivement, pour l'acheter c'est par ici. ZEN Maxence Fermine Editions Michel Lafon Merci aux Editions Michel Lafon pour cette belle lecture.
4e de couverture " Chaque jour, de l'aube au crépuscule, Maître Kuro pratique l'art subtil de la calligraphie. Une activité mêlant la peinture à l'écriture dont la frontière est si ténue quelle paraît invisible. " Le jour où la jeune Yuna, une calligraphe prodige, le sollicite pour apprendre à parfaire son art, Maître Kuro hésite. Celle qui se rêve son élève sera-t-telle à la hauteur de ce qu'un tel enseignement exige ? Convaincu par sa sincérité et sa motivation, il fait d'elle sa disciple, lui imposant un quotidien de sacrifices et d'exigence à la recherche de l'harmonie et de l'équilibre parfaits : la voie du zen, clef de la maîtrise de leur art. Mais au fil des saisons, la proximité des deux êtres éveille en eux une sensualité qu'ils n'osent pas s'avouer. Mon avis Fasciné par cette fresque réalisée par l'auteur en 2014 avec Le Palais des Ombres, j'attendais ZEN avec impatience. Dans la lignée de romans tels que Neige, l'auteur renoue cette année avec une écriture simple et poétique. Maxence Fermine nous emmène dans un Japon traditionnel, à la rencontre de Maître Kuro, vivant reculé des villes. Ses journées nous sont présentées, rythmées entre méditation et calligraphie. La première partie du roman est entièrement centrée sur cet art, présenté en détails par l'auteur. De manière générale, dès les premiers chapitres, Maxence Fermine transporte littéralement son lecteur dans la quiétude de l'ambiance japonaise. Nos sens sont mis en éveil afin que, grâce aux courtes descriptions présentes, nous vivions une vraie expérience. J'ai particulièrement apprécié ce dépaysement et le douceur qui émane de ses mots. Un sentiment de bien-être s'installe au fil de la lecture. Le jour où Yuna vient s'installer chez Maître Kuro afin de recevoir un enseignement calligraphique, ce dernier voit sa vie bouleversée. Dès lors, le lecteur assiste à une chorégraphique silencieuse entre ces deux personnages. Tout en subtilité et en retenue, les sentiments se développent mais ne s'extériorisent pas. Tout est question de suggestion. Ce roman respire l'émotion, éblouit de beauté. Zen est un roman extrêmement court mais d'une intensité déconcertante. Chaque mot est pesé et judicieusement utilisé pour l'impact qu'il aura sur l'intrigue. Le résultat est un magnifique roman émouvant, profond et dépaysant. Un moment de lecture apaisant. Sans Pitié Ni Remords Nicolas Lebel Marabooks 380 pages sRetrouvez mon avis sur L'heure des fous et Le jour des morts.
4e de couverture 9 novembre, cimetière du Montparnasse. Le capitaine Mehrlicht assiste, en compagnie de son équipe, aux obsèques de son meilleur ami, Jacques Morel. Quelques heures plus tard, il se retrouve dans le bureau d'un notaire qui lui remet, comme « héritage », une enveloppe contenant un diamant brut. Il s'agit de l'un des yeux d'une statue africaine, le Gardien des Esprits, dérobée dix ans auparavant lors du déménagement du Musée des arts africains et océaniens, que Jacques avait supervisé, et recherchée depuis par la « Police de l'Art ». Merlicht prend un congé et son équipe se retrouve sous le commandement du capitaine Cuvier, un type imbuvable aux multiples casseroles, quand les inspecteurs Latour et Dossantos sont appelés sur la scène de l'apparent suicide d'un retraité. Quelques heures plus tard, ils assistent impuissants à la défenestration d'une femme qui, se sentant menacée, avait demandé la protection de la police. Les deux « suicidés » avaient un point commun : ils travaillaient ensemble au MAOO lors de son déménagement. Ces événements marquent le début de 48 heures de folie qui vont entraîner Mehrlicht et son équipe dans une course contre la montre, sur la piste de meurtriers dont la cruauté et la détermination trouvent leur origine dans leur passé de légionnaires. Une enquête sous haute tension, dans laquelle débordent la fureur et les échos des conflits qui bouleversent le monde en ce début de XXIe siècle. Mon avis Quel bonheur de retrouver Mehrlicht et son équipe, Latour et Dossantos. Et le retour est des plus mouvementé. L'auteur joue directement avec notre curiosité. Le premier chapitre met notre capitaine Mehrlicht en mauvaise posture. Et puis nous voici retourné deux jours avant... cruel et astucieux pour fidéliser le lecteur dès le début du roman. Et ça fonctionne, dès lors impossible de le poser. Lire les romans de Nicolas Lebel c'est s'attacher à ses personnages récurrents. C'est ainsi que ce 3e opus débute avec un débordement d'émotions, aux obsèques de Jacques Morel. Ce personnage secondaire, qui apportait une touche de gaieté dans les deux romans précédents, prend une place considérable dans "Sans Pitié ni remords". Un intérêt post-mortem. L'auteur nous apporte ici une enquête d'un nouveau genre. Preuve est qu'il n'aime pas ce cantonner dans ses habitudes d'écriture, au risque de lasser son lectorat. C'est donc une affaire relativement complexe que nous allons suivre, sous fond de faux suicides et de trafic d’œuvres d'art. J'ai vraiment été passionné par la découverte d'une nouvelle filière des représentants de l'ordre et de leur mode de fonctionnement. Lebel fournit toujours un beau travail de recherches qui nous est restitué pour notre plus grand plaisir. Afin de continuer dans la nouveauté, de nouveaux personnages nous sont présentés et d'autres, rencontrés dans les opus précédent font leur retour. Les liens avec les affaires classées parsèment le récit. Sans grande importance, ils restent agréable pour le lecteur qui, indirectement à l'impression d'avoir sa place au sein de cette équipe. L'ambiance est telle, créée par l'auteur, qu'on se sent intégré. Agréable. Une course contre la montre est rapidement engagée pour plusieurs entités. En effet, contrairement aux habitudes, on suit ici plusieurs groupes distincts, tous en lien plus ou moins direct avec l'affaire principale. Mehrlicht d'un côte suite au testament de Jacques, Latour et Dossantos sous la direction d'un nouveau capitaine et les suspects de l'autre. J'aime beaucoup avoir cette vision plurilatérale de l'intrigue. L'effet sur le stress de lecture est plus efficace, on se retrouve rapidement à parler aux personnages !! Une enquête bien rythmée, avec la dose de suspense idéale pour nous emmener tranquillement, non sans quelques rebondissements, vers une convergence totale des groupes puis le point final. J'ai été surpris par cette fin à laquelle je n'aurais pas pensé. Elle implique l'aspect psychologique des personnages, ce qui la rend surprenante. Avec ce 3e titre, Nicolas Lebel s'ancre dans le monde des auteurs de polars français à suivre avec intérêt. La recette est simple mais efficace pour des romans qui savent capter le lectorat. Sans pitié ni remords s'impose comme un polar traditionnel avec la dose de modernité qui fait la différence et qui plait tant. Une seule chose à dire: vivement le prochain. Concerto pour 4 mains Paul Colize Fleuve Editions Un grand merci à Fleuve Editions pour cette découverte.
Mon avis Découvert grâce à Yvan du blog EmOtionS avec Back Up, je suis ravi de retrouver la plume de Paul Colize dans son nouveau roman, à la couverture extraordinaire. D’entrée de jeu, l’auteur nous met dans l’ambiance qui ne nous quittera pas tout au long de la lecture : on est ici pour parler braquages, cambriolages : bref du banditisme de haut niveau. Le casse du siècle se déroule sous nos yeux ébahis, reste à déterminer qui en est à l’origine. Les frissons sont présents immédiatement, le ton est donné : soyez prêt à suivre le rythme imposé. Dès lors, le roman prend une tournure des plus déstabilisantes. Les chapitres s’enchaînent dans un désordre parfaitement organisé, laissant le lecteur un peu sonné au début. Une multitude de personnages nous sont présentés, les liens entre eux se tissent sous nos yeux lentement, passé et présent sont mélangés pour nous donner, par brides, des informations afin de (tenter de) assembler les pièces du puzzle. Et le plus incroyable dans tout ça c’est que, sans vraiment s’en apercevoir, on devient complètement accro à l’histoire. Difficile de laisser le roman de côté pour vaquer à d’autres occupations. Une drogue dure qui infiltre notre esprit. « Concerto pour 4 mains », avant d’être un roman d’action, est un roman de personnages. Et vous verrez qu’ils sont nombreux à venir alimenter l’intrigue qui n’a de cesse de se complexifier. Ici, même nombreux, les personnages sont tous travaillés avec finesse. L’auteur prend le temps de tous nous les faire découvrir individuellement. Petit à petit, les liaisons s’effectuent entre eux. Le lecteur commence à y voir plus clair. Notre personnage central, qui nous accompagnera ici, est Jean Villemont, avocat qui se voit entraîner dans une affaire qui va dépasser le cadre professionnel. Une simple histoire de petit braquage se transforme rapidement en affaire de grand banditisme. Le lecteur reste bouchée bée devant la tournure que prennent les événements, incrédules d’une telle complexité dans une intrigue qui n’avait rien de compliqué au début. Avec une sensibilité qui ne peut pas laisser le lecteur insensible, Paul Colize nous livre un roman très riche, complexe mais maîtrisé. Il réinvente le grand banditisme pour notre plus grand plaisir, nous emmenant dans les méandres de la vie d'une équipe de gentleman cambrioleurs. Une histoire qui vous happe l'esprit pour ne le libérer qu'une fois l'intrigue terminée. "Concerto pour 4 mains" est un coup de maître de l'auteur, un coup de génie de l'intrigue et ... un coup de coeur pour moi. Si vous aviez encore la moindre hésitation avant de lire cet article, j'espère l'avoir dissipée. La nuit de feu Eric-Emmanuel Schmitt Albin Michel 185 pages Un grand merci aux Editions Albin Michel pour cette découverte.
4e de couverture « Je suis né deux fois, une fois à Lyon en 1960, une fois dans le Sahara en 1989. » Une nuit peut changer une vie. À vingt-huit ans, Éric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée à pied dans le Sahara en 1989. Parti athée, il en reviendra croyant, dix jours plus tard. Loin de ses repères, il découvre une vie réduite à la simplicité, noue des liens avec les Touareg. Mais il va se perdre dans les immenses étendues du Hoggar pendant une trentaine d'heures, sans rien à boire ou à manger, ignorant où il est et si on le retrouvera. Cette nuit-là, sous les étoiles si proches, alors qu'il s'attend à frissonner d'angoisse, une force immense fond sur lui, le rassure, l'éclaire et le conseille. Cette nuit de feu -ainsi que Pascal nommait sa nuit mystique- va le changer à jamais. Qu'est-il arrivé ? Qu'a-t-il entendu ? Que faire d'une irruption aussi brutale et surprenante quand on est un philosophe formé à l'agnosticisme ? Mon avis "La nuit de feu" est une parution que j'attendais avec impatience par le côté exceptionnel d'un texte autobiographique d'EE Schmitt. Il fait parti de ces auteurs que j'aime suivre au fil des ans. Une belle rencontre cette année au salon du livre "Lire à Limoges". Toujours accompagné de la plume très poétique de l'auteur, le lecteur part en voyage dans la jeunesse de ce dernier. A ses 28 ans, lors d'un voyage professionnel dans l'Hoggar pour la réalisation d'un film. Une traversée désert en groupe durant une semaine. Immédiatement et grâce des descriptions sensorielles précises, le décor défile sous nos yeux. L'auteur sait nous emmener avec lui, le plus précisément possible, dans ses souvenirs. En plus de nous faire partager sa vision sur cette semaine, l'auteur axe rapidement son récit sur cette discussion intérieure qui a pris le dessus à travers cette expérience. Sous la voûte céleste, devant tant d'infinité, le jeune homme qu'il était ne peut empêcher ses pensées de divaguer dans des questionnements ....qui le dépassent. Sa place, si infime soit-elle, dans ce monde ? Ses désirs pour l'avenir ? Un parcours tout tracé ou des rêves à définir dans la réalité ? Evidemment, ces interrogations font rapidement échos à nos propres doutes et questions sur la Vie. Ainsi, petit à petit, le lecteur prend place dans l'action du livre. L'auteur nous invite indirectement à une réflexion personnelle intense. J'ai aimé vivre cette lecture comme une expérience intérieure. Le point culminant de cette aventure est "La Nuit de Feu" qui a été une vraie bouffée de bonheur pour moi. Je ne vous en dirais pas plus mais ne serai-ce que pour ces quelques chapitres, je vous conseille très activement de lire ce roman autobiographique. Cette lecture a été un vrai coup de coeur pour moi. Une lecture qui fait du bien tant par les réflexions qu'elle apporte que par la beauté de cette expérience. J'espère vraiment que l'auteur nous fera à nouveau, un jour, de telles confidences sur son histoire personnelle. Une histoire émouvante. La Petite Barbare Astrid Manfredi Belfond 154 pages Un grand merci aux Editions Belfond pour cette pépite.
4e de couverture En détention on l'appelle la Petite Barbare ; elle a vingt ans et a grandi dans l'abattoir bétonné de la banlieue. L'irréparable, elle l'a commis en détournant les yeux . Elle est belle, elle aime les talons aiguilles et les robes qui brillent, les shots de vodka et les livres pour échapper à l'ennui. Avant, les hommes tombaient comme des mouches et elle avait de l'argent facile. En prison, elle écrit le parcours d'exclusion et sa rage de survivre, et tente un pas de côté. Comment s'émanciper de la violence sans horizon qui l'a menée jusqu'ici ? Peut-elle rêver d'autres rencontres ? Et si la littérature pouvait encore restaurer la dignité ? Subversive et sulfureuse, amorale et crue, La Petite Barbare est un bâton de dynamite rentré dans la peau d'une société du néant. Mon avis Attention ce roman n'est pas anodin ! C'est peut-être même le plus explosif de cette rentrée littéraire 2015. Astrid Manfredi nous livre avec La Petite Barbare un roman très court mais d'une violence sans égale. Pas d'introduction à l'horreur. Dès les premières pages le lecteur se prend la violence en place face, sans ménagement. Ici on ne ment pas. A l'isolement carcéral, cette jeune femme de 20 ans n'a d'autres solutions que d'écrire pour ne pas sombrer dans la folie de ce confinement obligatoire. Une rapide description nous expose l'environnement défavorable dans lequel elle retenue. Ses écrits, se sont ses mémoires. Bien que jeune, le récit autobiographique qui se déroule sous nos yeux dépasse les limites de l'entendement. Une jeunesse sans limites parentales. Grandir dans une barre d'immeuble, entourée d'autres immeubles, sans but dans la vie, sans soutien. L'adolescence et la découverte d'un corps qui attire les regards, un pouvoir qui peut rapporter, facilement mais en se dégradant. Des mauvaises fréquentations, de l'argent facile, sale, mais enivrant. Le luxe, la fête, les habits, chaussures, champagnes, ... toujours plus, toujours plus vite, toujours plus facilement. Et le point de non retour arrive. La chute avec comme destination la prison. Un bien pour s'en sortir ou le début d'un nouvel enfer ? "La Petite Barbare" nous offre en l'espace de 150 pages une vérité crue, qui dérange, met mal à l'aise. Le lecteur se sent gêné d'un récit si court et si détaillé. Tiraillé entre le désir de ne pas savoir, de rester dans l'ignorance, et celui, poussé par une curiosité malsaine, d'aller plus loin, de découvrir encore plus de détails. La plume est acerbe, elle ne cherche pas à ménager. Pas de fioritures pour arrondir des angles obtus, pour édulcorer une réalité faite de gris. J'ai totalement été subjugué par cette lecture, par cette violence, par cette révolte qui nous envahie rapidement. Un récit à bout de souffle duquel on ne peut pas sortir indemne. C'est tout simplement une claque, un de celle qui vous laisse un trace pour longtemps. |
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Mai 2019
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Tout
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