Histoire de la violence Edouard Louis Seuil 4e de couverture
J'ai rencontré Reda un soir de Noël. Je rentrais chez moi après un repas avec des amis, vers quatre heures du matin. Il m'a abordé dans la rue et j'ai fini par lui proposer de monter dans mon studio. Ensuite, il m'a raconté l'histoire de son enfance et celle de l'arrivée en France de son père, qui avait fui l'Algérie. Nous avons passé le reste de la nuit ensemble, on discutait, on riait. Vers six heures du matin, il a sorti un revolver et il a dit qu'il allait me tuer. Il m'a insulté, étranglé, violé. Le lendemain, les démarches médicales et judiciaires ont commencé. Plus tard, je me suis confié à ma sœur. Je l'ai entendue raconter à sa manière ces événements. En revenant sur mon enfance, mais aussi sur la vie de Reda et celle de son père, en réfléchissant à l'émigration, au racisme, à la misère, au désir ou aux effets du traumatisme, je voudrais à mon tour comprendre ce qui s'est passé cette nuit-là. Et par là, esquisser une histoire de la violence. Mon avis La première remarque que je me suis fait à la sortie de cette lecture est : quel intérêt à bien pu trouver l'auteur pour le choix de cette narration ? En effet l'histoire d'Edouard est ici racontée par la sœur de ce dernier. Le niveau de langage du récit de cette sœur, qui expose les faits à son mari, est volontairement très familier, signe d'un niveau social populaire. Pour accentuer cette singularité, l'auteur entrecoupe le discours de sa sœur par des précisions de sa part, bien évidement dans un langage beaucoup plus soutenu. Et au final cette narration à deux vitesses m'a semblée assez confuse. En plus de cette impression de fouillis, j'ai trouvé que ce procédé desservait la transmission d'émotions et le réalisme que j'avais tant apprécié dans "En finir avec Eddy Bellegueule". Quant à l'intrigue à proprement parlé, elle a su me convaincre et l'auteur m'a vraiment intéressé à son histoire. Je n'ai pas un seul instant évoqué la question de véracité de cet écrit qui fait tant polémique dans ses romans. Au final qu'importe cette question, l'essentiel pour moi est la profondeur de l'intrigue et la façon dont je la vis. Réellement vécue ou non, l'important à mes yeux est la façon dont l'histoire est transmise au lecteur. Et bien dans "Histoire de la violence" l'auteur a réussi à me faire vibrer et encore mieux, à me faire vivre son histoire. J'ai réussi à travers ce témoignage appréhender concrètement l'état d'esprit dans lequel le personnage est et à été cette nuit de Noël, puis les jours et mois qui ont suivi. Ma seule déception a été un manque d'approfondissement dans l'explication du fameux Syndrome de Stockholm dont le personnage est victime. J'aurais souhaité une plongée psychologique plus intime dans ces sentiments. Mise à part ça, et malgré une narration décevante, l'intrigue m'a captivée, angoissée, fait vibrer. L'auteur a une plume qui est relativement efficace sur moi et qui me procure un plaisir de lecture qui est assez rare. J'aime cet aspect réel de description. L'auteur dépeint ce qu'il a pu voir ou vivre avec la juste dose de détails pour faire de son récit une expérience pour le lecteur. C'est appréciable. C'est finalement un aspect positif que je retiens de cette lecture. Différent de son premier titre, "Histoire de la violence" fera lieu, je l'espère, de transition dans la carrière de l'auteur. J'aimerais beaucoup le découvrir dans romans où il n'est pas son personnage principal.
2 Commentaires
Guillaume TdV
1/21/2016 05:56:12 am
Bonjour Manika et merci pour ton commentaire.
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